Quand une relation difficile prend fin avec la mort… un partage qui fait partie de mon processus de deuil xx
Vous avez été plusieurs à me transmettre votre sympathie pour le passage vers l’inconnu de mon père et je vous en remercie… dans un moment comme celui ci la compassion de l’humain vient effectivement alléger la peine de la perte et ce peu importe ce qui a été avant.
Vous êtes aussi plusieurs qui connaissiez la relation que j’avais eu avec mon père toute ma vie…une relation qui ne faisait que créer une blessure par dessus une autre. D’où il y a 2 ans, après multiples années d’essais, de pardon, de nouveaux départs et de rejets…mon coeur avait pris la sage décision, à travers mon processus de me reconstruire, de mettre un terme final à notre relation en mentionnant à mes frères que dorénavant pour moi il était mort.
À travers mon processus de guérison de toutes ces blessures accumulées depuis l’enfance, je sentais malgré tout toujours un sentiment de culpabilité et de peur qui me suivait continuellement à travers mon cheminement de vie. Je savais qu’un jour, il nous quitterait dans la vraie réalité et je n’avais aucune idée de comment je vivrais une fois face à ce fait. Allais-je avoir des regrets ? Allais-je m’effondrer pour encore une fois tomber à plat et devoir recommencer à me reconstruire ? Bref j’en avais aucune idée…mais une chose était certaine c’est que la décision qui en fait…lui même avait prise de me rejeter la dernière fois avait été pardonné et je vivais en paix avec ma décision de l’accepter et de vouloir mettre un terme à ce fameux pattern.
Je n’ai jamais été pour la consultation d’un psychologue et les rares fois où j’ai tenté de consulter vous comprendrez qu’ils me ramenaient toujours à…mon père. Et la vie s’organisait qu’au moment où nous étions pour entrer dans le croustillant…je n’avais plus les sous pour payer le professionnel ou encore le professionnel avait une façon de procéder que dès la première rencontre mon coeur savait que ce n’était pas la bonne approche pour moi.
Il y a 6 semaines la vie a mis un ange professionnel sur mon chemin pour venir appuyer toutes les démarches que j’avais entreprise depuis 4 ans et m’aider à reprendre confiance en moi pour m’assurer de ne plus avoir peur de mettre de la valeur à ce que je livrais professionnellement entre autre. Une psychologue qui me dit entre autre de m’ouvrir un bureau de consultation…haha….moi qui n’est pas de papier en psychologie en rajoutant que j’ai la puissance qu’il faut pour aider plusieurs femmes wow. Des choses que je n’avais jamais entendu de la bouche de ma famille qui en fait n’ont jamais été plus ou moins au courant de ce que je faisais réellement dans la vie. Aucun intérêt ou crainte que j’étale notre vie au grand public mais bon….l’histoire est longue et elle demeurera entre nous.
Toujours est-il que mercredi dernier chez cette dame qui m’accompagne nous avons consacré la séance à mon père. Et je lui disait (car le processus de mon père était déjà entamé depuis un an de par mes propres outils) que je me sentais prête à aller le rencontrer pour une dernière fois, ce que je méditais tous les matins depuis 3 semaines dans une gratitude à cette belle voie qui s’est ouverte devant moi qui mettait fin à un cycle de 4 ans de reconstruction professionnelle et en demandant à ma puissance de me donner le courage nécessaire pour que la boucle se ferme dans les prochaines semaines dans la paix, l’amour et le pardon. Mais dans ma réalité mon coeur, ne cessait de me répéter: « Ce ne sera jamais terminé tant qu’il vivra ».
Et 2 jours plus tard, alors que mon père était très en forme et que je me préparais à aller animer une belle retraite…mon frère m’écrit: « Ton père va mourrir d’ici quelques heures ».
Ma réaction fût douce…peut être que je n’étais pas encore consciente et que je n’y croyais juste pas. En parlant à mon frère je lui demande si mon père a demandé à me voir…et lui de me répondre: « Il a dit de ne pas te déranger »
Et moi de lui répéter: Est-ce qu’il veut me voir…et lui de répondre: Il a dit que oui
J’ai étrangement regardé l’heure et me suis dit que j’avais du temps avant ma retraite. Et j’y suis allé. Vous comprendrez que la petite fille en moi avec tout son système de protection était bien armée et semblait à la limite dure et sans émotion devant tout ce mouvement inattendu. Arrivé auprès de mon père qui venait d’être piqué à la morphine, je lui ai dit:
« Papa je suis là, je te pardonne, je me pardonne, je nous pardonne…tu peux partir en paix dans la lumière »
Je suis demeuré auprès de lui à lui tenir la main pour m’assurer qu’il pouvait ressentir ma présence avant qu’il parte pour partir en paix (merci à mes frères de m’avoir laissé cette place). Et ne sachant pas pour combien de temps il lui restait (entre 1h et 72 heures) je suis partie pour livrer ma retraite en lui chuchotant à l’oreille:
« Papa je dois partir, je te demande pardon et encore une fois je nous pardonne, j’ose te remercier pour être devenue la femme que je suis aujourd’hui et tu sais… il n’est pas trop tard pour remplir le rôle de père que tu n’as pas fait ici d’où tu seras »
Et je suis partie, un peu fragile mais encore bien armée. Une fois à la maison je suis entrée dans ma salle de méditation et j’ai médité pour trouver la force de livrer ma retraite sans culpabilité et de la façon donc je pourrais l’accompagner dans son dernier souffle et ce même si je n’étais pas présente physiquement.
En méditant la lumière se fit…(je ne suis pas une conservatrice de souvenirs en photo) mais en 30 secondes ma force m’a amené dans une boite parmi plusieurs et j’ai trouvé une photo avec mon père qui me tenait dans ses bras et qui semblait pointer vers je ne sais quoi (mauvaise qualité de photo) mais dans ce qui donnait l’effet d’un cercle blanc de lumière. Et c’est ici que je me suis effondrée en larmes pour reconnaitre que ce n’était pas tant l’homme qu’il avait été qui était à la source de multiples souffrances mais plutôt la relation que nous n’arrivions pas à faire fleurir tout au long de nos années de vie. J’ai compris que mon père m’avait déjà aimé mais je n’arrivais pas à voir d’autres images ou souvenirs heureux que cette fameuse photo.
Je suis donc partie à ma retraite avec un cierge, cette fameuse photo que j’ai installé sur mon hôtel (un endroit situé au centre de notre salle de partage, de méditation, de yoga..bref un endroit dans mes retraites que j’appelle « sacré ». J’ai placé le cierge qui représentait mon père dans la lumière, une petite bougie qui représentait la petite fille que j’étais collée sur le cierge, et la fameuse photo. Et chaque fois que je fermais les yeux, je voyais la petite fille de la photo avec des belles lulus (je ne me souvenais plus d’avoir été belle petite) qui tirait mon père par le bras en lui disant….
« Viens papa, viens jouer dans la lumière avec moi » (Mon père trainait beaucoup de noirceur en lui de souffrance de par sa propre histoire de vie.)
Une petite fille souriante qui s’amusait et qui riait avec un papa qui résistait pour jouer. Je ne me rappelais plus avoir eu la chance de m’amuser lorsque j’étais petite.
Bref à travers ma retraite, j’ai crée un espace avec les 14 magnifiques femmes présentes…enveloppante et sécurisante. Et j’ai ainsi livré l’une des plus riche et plus belle retraite jusqu’ici. Car j’ai dit à ces femmes que mon père s’apprêtait à mourir et qu’il n’avait jamais su ce que j’étais et ni ce que je faisais réellement dans le vie et que ce weekend j’en profiterais pour lui montrer.
La nuit de vendredi à samedi je me suis couchée dans ma salle au sol devant mon petit hôtel et j’ai dormi trois heures quand je me suis réveillée en m’étouffant intensément avec ma salive (un gêne que mon père m’a légué dystrophie oculo-pharyngée)… et 5 minutes plus tard mon frère m’écrivait que s’était…terminé.
Je me suis assise devant les chandelles et la fameuse photo et j’ai médité plus fort que jamais la petite fille qui dit à son père vient vers la lumière…et j’ai pleuré, pleuré, pleuré et j’ai laissé couler les blessures, les cicatrices pour avoir accès à plus de souvenirs heureux qui étaient enterrées par de multiples souffrances à partir du jour ou mon père avait quitté la maison…à mes 13 ans…ce jour où j’ai pu enfin m’exprimer librement sans censure imposée…OUF que ça a été raide au début. Ce jour, où mon père a vu sa petite fille soumise prendre son envol…ce jour où notre fameuse relation s’est envenimée avec les années.
J’ai donc continué à livrer ma retraite avec une force inestimable… je me suis dise qu’il était là avec moi, curieux de voir ce que je fais dans la vie. Je sais qu’il ne serait pas en accord avec mon enseignement aux femmes sur le pouvoir d’être puissante…OUF que non car dans le monde de mon père l’homme est maitre et la femme suit sans droit de réplique ce que homme dit. Mais j’ai tout de même osé imaginer qu’il était fière de moi et j’ai même cru l’entendre avec la petite tape dans le dos que je n’avais JAMAIS eu de ma vie de sa part. Imagination ou pas…la résultante fût puissante.
La seconde nuit passée devant l’hôtel couchée sur le sol, je vois tout à coup multiples souvenirs heureux de la petite fille avec son père…combien il m’a aimé toute jeune, combien il a voulu me protéger, combien il a été là pour m’accueillir dans les moments les plus durs de ma vie (avant 25 ans). Je ne dis pas qu’il était magnifique en tant qu’être car son regard envers les femmes allait à l’encontre de mes valeurs de coeur… mais j’avais oublié tout de même qu’il avait tenté de m’aimer d’une manière qu’il avait jamais appris à aimer mais malheureusement cette manière me limitait dans mon espace et me blessait davantage.
Dimanche soir de retour à la maison, je réalise que la vie s’est occupé de mettre fin à un pattern de la façon donc je l’avais souhaité…non pas que j’avais souhaité sa mort (comprenez moi bien je n’ai aucun pouvoir là dessus et je n’ai jamais souhaité cela)… mais le processus de mettre fin au pattern dans la paix, l’amour et le pardon s’est activé et tout cela sans aucun regret de ce qui a été, ni de culpabilité quelconque. Mon coeur m’a toujours bien guidé jusqu’ici et ici et je le remercie de m’avoir laissé ce privilège d’aller lui faire mes adieux pendant ses derniers souffles…maintenant je peux ressentir une immense paix comme jamais je ne l’ai senti de toute ma vie.
Ici maintenant j’ose croire que mon père m’accompagne pour la suite, car il n’y a aucun doute dans mon coeur qu’il m’a aimé toute sa vie mais son ego était plus puissant que tout…Au delà de tout cela mon père m’a transmise ce don de transmettre la lumière, il a été un grand guérisseur dans sa vie…les gens qui ont eu la chance de passer sur sa table peuvent encore en témoigner.
« ton père c’est tu l’INDIEN qui masse et qui fait des miracles » qu’on me disait souvent.
Bien oui c’est mon père. C’est lui qui m’a transmise ma grande passion pour le corps humain, les énergies, le développement personnel, le côté leader, sa magnifique façon d’écrire… mais avec tout cela j’ai aussi pris une partie de sa noirceur en cours de route d’où un jour, j’ai dû cheminer durement vers un processus de détachement de mon père pour cheminer vers la lumière.
Et bien voilà, il est partie, et depuis hier les souvenirs heureux fusent de partout laissant place à une grande lumière en moi qui libère enfin les dernières poussières de noirceur qui étaient demeurées en moi. Une lumière puissante qui vient guérir toutes les vieilles blessures accumulées pendant toutes ces années. Une lumière qui vient agir comme un baume sur les cicatrices du passé qui n’est plus pour laisser la place à ce qu’il m’a légué de bon peu importe le reste.
Le premier livre de mon histoire vient de se terminer ici. Un livre que je m’étais promise d’écrire un jour…en me disant je vais attendre qu’il soit mort. Aujourd’hui, par respect pour lui, je garde ce livre pour moi car je n’ai plus envie de vivre toute cette souffrance.
Aujourd’hui la petite fille part avec le papa qu’elle aimait et qui l’aimait pour écrire un nouveau livre…qui n’aura rien à voir avec le processus des 48 dernières années…mais avec le merveilleux monde des énergies des cycles qui m’a donné tous les outils et la puissance pour passer à travers tout cela et retrouver mon chemin.
Où que tu sois papa….veille sur ta petite fille bien aimée….veille sur nous tous. JE T’AIME et dans ma grande vérité si j’ai tant souffert de notre relation malsaine c’est que je t’ai toujours tellement AIMÉ et l’idée du père que j’aurais voulu que tu sois m’a tellement manqué xxxx
P.S. Mon père était un homme très discret, très secret vous ne le trouverez nul part dans les recherches quelconques…ainsi il part comme il a vécu sans annonce dans les journaux, sans funérailles, sans cérémonie…il est partie et c’est fini…donc voilà merci pour vos messages de sympathies que j’accueille virtuellement ou en personne si vous croisez mon chemin mais cela n’ira pas plus loin pour mon père sur cette terre. Pour ma part , le deuil de notre relation avant été fait au cours de la dernière année, ici maintenant je suis dans le deuil de l’être de coeur qu’il était au delà de toute sa souffrance xxx
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